Au fond d'un vieux marécage vivaient quelques larves
qui ne pouvaient comprendre pourquoi nul du groupe ne
revenait après avoir rampé le long des tiges de lys
jusqu'à la surface de l'eau. Elles se promirent l'une
à l'autre que la prochaine qui serait appelée à monter
reviendrait dire aux autres ce qui lui était arrivé.
Bientôt, l'une se sentit poussée de façon irrésistible
à gagner la surface ; elle se reposa au sommet d'une
feuille de lys et subit une magnifique transformation
qui fit d'elle une libellule avec de forts jolies
ailes. Elle essaya en vain de tenir sa promesse.
Volant d'un bout à l'autre du marais, elle voyait bien
ses amies en bas. Alors, elle comprit que même si
elles avaient pu la voir, elles n'auraient pas reconnu
comme une des leurs une créature si radieuse.
Le fait que nous ne pouvons voir nos amis et
communiquer avec eux après la transformation que nous
appelons la mort n'est pas une preuve qu'ils ont cessé
d'exister.
La jeunesse n'est pas une période de la vie, elle est un état d'esprit, un effet de la volonté, une qualité de l'imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goûr de l'aventure sur l'amour du confort.
On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années; On devient vieux parce qu'on a déserté son idéal. Les années rident la peau, renoncer à son idéal ride l'âme. Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs sont ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre et devenir poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille. Il demande comme l'enfant insatiable: Et après ? Il défie les évènements et trouve de la joie au jeu de la vie.
Vous êtes aussi jeune que votre foi. Aussi vieux que votre doute. Aussi jeune que votre confiance en vous-mêmes. Aussi jeune que votre espoir. Aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.Réceptif à ce qui est beau, bon et grand. Réceptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini.
Si un jour votre coeur devait être malade de pessimisme et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.
(Samuel Ullman, 1870.
Ce texte est un extrait d'une poésie en prose. Le Général Douglas Mac Arthur, grand admirateur de l'œuvre de Samuel Ullman, l'a traduit en français et fait connaître en France à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Le général, en tant que commandant des forces alliées, avait affiché ce texte dans son bureau à Tokyo et citait très souvent des extraits de ce texte dans ses discours, ce qui peut d'ailleurs expliquer l'engouement des Japonais pour Samuel Ullman...)
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir ;
Ou perdre en un seul coup le gain de cents parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots ;
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu'aucun d'eux soi tout pour toi,
Si tu sais méditer ; observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, mais sans laisser ton rêve devenir ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils.
A l'occasion du naufrage d'un bateau, seul un rat avait survécu.
Ayant grimpé sur un bout de bois flottant, vestige du navire coulé,
il avait dérivé jusqu'à un îlot où il avait pu débarquer.
Cet îlot était inhabité. Ce n'était qu'une minuscule parcelle de sable et de corail, sans la moindre végétation ni ressource alimentaire. Ne sachant pas nager, le rat ne pouvait espérer attraper du poisson. Au fil des jours, le rat mourait de faim et de soif. Pour aiguiser son désespoir, il pouvait, par temps clair, apercevoir la grande île voisine. Celle-ci était peuplée. Le rat aurait pu y faire bombance des restes des repas de l'Homme.
Le rat s'était presque résigné à son funeste sort,
lorsqu'il aperçut nageant près du bord un gros poulpe. Il le héla avec force :
- "Hé le poulpe ! Au secours ! Par ici !"
Le poulpe, craintif comme tous ceux de son espèce, fut très réticent, mais consentit finalement à s'approcher, non sans méfiance.
La négociation, à marée basse entre les deux protagonistes disposés de part et d'autre du rivage, fut rondement menée par le rat, habile et persuasif.
-"Je t'en prie, Mène-moi jusqu'à la grande île. Je meurs de faim ici et je ne sais pas nager."
-"Si j'accepte, qui me dit que tu ne vas vouloir me dévorer ? Je n'ai pas confiance en toi !"
-"Réfléchis, voyons ! Si je faisais cela, je me perdrais moi-même ! Je t'ai dit que je ne savais pas nager et que ma seule chance de survie était de rejoindre cette île plus hospitalière…"
Convaincu des intentions pacifiques du rat, le poulpe accepta donc d'assurer son transport. Le début du voyage se déroula sans incident, mais à mi-parcours de la traversée, le rat planta soudainement ses dents dans la tête du poulpe, le blessant mortellement ! Le poulpe agonisant, dans un dernier râle, s'adressa au rat :
- "Mais pourquoi as-tu fait ça ? Je vais mourir et tu vas te noyer ! Ça n'a vraiment aucun sens !"
-"Parce que c'est dans ma nature de rat" répondit le rat…
(L'équivalent de cette légende mélanésienne peut être trouvée dans cette citation européenne : "On a beau donner à manger au loup, il regarde toujours du côté de la forêt".)
Supposons qu'une banque dépose dans votre compte, chaque matin, un montant de 86 400$. Elle ne garderait aucun solde d'une journée à l'autre. Chaque soir, on effacerait tout ce que vous n'auriez pas utilisé durant le jour. Que feriez-vous ? Retirer jusqu'au dernier sou, bien sûr!!!!
Chacun de nous a une telle banque. Son nom : "LE TEMPS". Chaque matin, on dépose à votre compte 86 400 secondes. Chaque soir, on efface tout ce que vous n'avez pas utilisé pour accomplir ce qu'il y a de mieux. Il ne reste rien au compte. Vous ne pouvez pas aller dans le rouge. Chaque jour, un nouveau dépôt est fait. Chaque soir, le solde est éliminé. Si vous n'utilisez pas tout le dépôt de la journée, vous perdez ce qui reste. Rien ne sera remboursé.
On ne peut pas emprunter sur demain. Vous devez vivre avec le présent et avec le dépôt d'aujourd'hui. Investissez-le de façon à obtenir le maximum en santé, bonheur et succès! L'horloge avance. Faites le maximum aujourd'hui.
Pour réaliser la valeur d'UNE ANNÉE, demandez à un étudiant qui a doublé son année.
Pour prendre conscience de la valeur d'UN MOIS, demandez à une mère qui a accouché prématurément.
Pour connaître la valeur d'UNE SEMAINE, demandez à l'éditeur d'un hebdomadaire.
Pour comprendre la valeur d'UNE HEURE, demandez aux amoureux qui sont temporairement séparés.
Pour connaître la valeur d'UNE MINUTE, demandez à une personne qui a manqué son train.
Pour réaliser la valeur d'UNE SECONDE, demandez à qui vient juste d'éviter un accident.
Pour comprendre la valeur d'UNE MILLISECONDE, demandez à celui ou celle qui a gagné une médaille d'argent aux Olympiques.
Apprécions chaque moment que nous avons! Et apprécions le plus quand nous le partageons avec quelqu'un de spécial, assez spécial pour avoir besoin de votre temps. Et rappelons-nous que le temps n'attends après personne. HIER fait partie de l'histoire. DEMAIN demeure un mystère. AUJOURD'HUI est un cadeau. C'est pour ça qu'on dit que c'est le "PRÉSENT"!!!
Un jour, l'âne d'un fermier est tombé dans un puits.
L'animal gémissait péniblement depuis des heures et le
fermier se demandait quoi faire.
Finalement, il a décidé que l'animal était vieux et
que le puits devait disparaître de toute façon.
Il invita tous ses voisins à venir l'aider. Ils ont
tous saisi une pelle et ils ont commencé à enterrer le
puits. Au début, l'âne a réalisé ce qui se produisait
et il se mit à braire terriblement.
Puis, à la stupéfaction de chacun, il se tut. Quelques
pelletées plus tard, le fermier a finalement regardé
dans le fonds du puits et a été étonné de ce qu'il a
vu.
Avec chaque pelletée de terre qui tombait sur lui,
l'âne faisait quelque chose de stupéfiant. Il se
secouait pour enlever la terre de son dos et montait
dessus. Bientôt, à la grande surprise de chacun, l'âne
sortit du trou et se mit à trotter.
La vie va essayer de vous engloutir sous toutes sortes
d'ordures.
Le truc pour se sortir du trou est de se secouer pour
avancer.
Chacun de nos ennuis est une pierre qui permet de
progresser.
Nous pouvons sortir des puits les plus profonds en
n'arrêtant jamais.
IL NE FAUT JAMAIS ABANDONNER
SECOUEZ VOUS ET FONCEZ
(AUTEUR INCONNU)
Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes,
J'parlais bien fort pour être un homme.
J'disais : " Je sais … Je sais … Je sais … Je sais … "
C'était le début, c'était l'printemps.
Et quand j'ai eu mes dix-huit ans
J'ai dit " Je sais, ça y est, cette fois je sais ".
Et aujourd'hui, les jours où j'm'retourne
J'regarde la terre où j'ai quand même fait les cent pas
Et je n'sais toujours pas comment elle tourne.
Vers vingt-cinq ans j'savais tout
L'amour, les roses, la vie, les sous.
Tiens oui, l'amour j'en avais fait tout l'tour
Mais heureusement comme les copains
J'avais pas mangé tout mon pain.
C'que j'ai appris, ça tient en trois, quatre mots :
Le jour où quelqu'un vous aime
J'peux pas mieux dire :
Il fait très bon, il fait très beau.
C'est encore c'qui m'étonne dans la vie
Moi qui suis à l'automne de ma vie
On oublie tout : les soirs de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse.
Toute ma jeunesse j'ai voulu dire " je sais "
Seul'ment plus j'cherchais et moins j'savais
Y a soixante coups qu'on sonné à l'horloge
J'suis encore à ma fenêtre, j'regarde et j'interroge
Maint'nant je sais, je sais qu'on n'sait jamais.
La vie, l'amour, l'argent, les amis et les roses
On n'sait jamais
Ni la couleur des roses
C'est tout c'que je sais
Et ça, j'le sais.
(Jean Gabin, 1974. Paroles de Jean Dabadie et Philipe Green )
Un porteur d'eau indien avait deux grandes jarres,
suspendues aux deux extrémités d'une pièce de bois qui
épousait la forme de ses épaules.
L'une des jarres avait un éclat, et, alors que
l'autre jarre conservait parfaitement toute son eau de
source jusqu'à la maison du maître, l'autre jarre
perdait presque la moitié de sa précieuse cargaison en
cours de route.
Cela dura deux ans, pendant lesquels, chaque jour, le
porteur d'eau ne livrait qu'une jarre et demi d'eau à
chacun de ses voyages.
Bien sûr, la jarre parfaite était fière d'elle,
puisqu'elle parvenait à remplir sa fonction du début à
la fin sans faille.
Mais la jarre abîmée avait honte de son imperfection
et se sentait déprimée parce qu'elle ne parvenait à
accomplir que la moitié de ce dont elle était censée
être capable.
Au bout de deux ans de ce qu'elle considérait comme un
échec permanent, la jarre endommagée s'adressa au
porteur d'eau, au moment où celui-ci la remplissait à
la source.
"Je me sens coupable, et je te prie de m'excuser."
"Pourquoi ?" Demanda le porteur d'eau. "De quoi as-tu
honte ?"
"Je n'ai réussi qu'à porter la moitié de ma cargaison
d'eau à notre maître, pendant ces 2 ans, à cause de
cet éclat qui fait fuir l'eau. Par ma faute, tu fais
tous ces efforts, et, à la fin, tu ne livres à notre
maître que la moitié de l'eau. Tu n'obtiens pas la
reconnaissance complète de tes efforts", lui dit la
jarre abîmée.
Le porteur d'eau fut touché par cette confession, et,
plein de compassion, répondit: "Pendant que nous
retournons à la maison du maître, je veux que tu
regardes les fleurs magnifiques qu'il y a au bord du
chemin".
Au fur et à mesure de leur montée sur le chemin, au
long de la colline, la vieille jarre vit de
magnifiques fleurs baignées de soleil sur les bords du
chemin, et cela lui mit du baume au coeur. Mais à la
fin du parcours, elle se sentait toujours aussi mal
parce qu'elle avait encore perdu la moitié de son eau.
Le porteur d'eau dit à la jarre "T'es-tu rendu compte
qu'il n'y avait de belles fleurs que de TON côté, et
presque aucune du côté de la jarre parfaite?
C'est parce que j'ai toujours su que tu perdais de
l'eau, et j'en ai tiré parti. J'ai planté des semences
de fleurs de ton coté du chemin, et, chaque jour, tu
les as arrosées tout au long du chemin. Pendant deux
ans, j'ai pu grâce à toi cueillir de magnifiques
fleurs qui ont décoré la table du maître. Sans toi,
jamais je n'aurais pu trouver des fleurs aussi
fraîches et gracieuses. "
MORALE DE L'HITOIRE: Nous avons tous des éclats, des
blessures, des défauts. Nous sommes tous des jarres
abîmées.
Certains d'entre nous sont diminués par la vieillesse,
d'autres ne brillent pas par leur intelligence,
d'autres trop grands, trop gros ou trop maigres,
certains sont chauves, d'autres sont diminués
physiquement, mais ce sont les éclats, les défauts en
nous qui rendent nos vies intéressantes et exaltantes.
Vous devez prendre les autres tels qu'ils sont, et
voir ce qu'il y a de bien et de bon en eux.
Souvenez-vous d'apprécier tous les gens si différents
qui peuplent votre vie.
Sans eux, la vie serait bien triste
Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince
courageux, habile et intelligent.
Pour parfaire son apprentissage de la vie, il l'envoya
auprès d'un vieux sage.
"Éclaire-moi sur le sentier de la vie", demanda le
Prince.
"Mes paroles s'évanouiront comme les traces de tes pas
dans le sable, répondit le Sage.
Cependant je veux bien te donner quelques indications.
Sur ta route, tu trouveras trois portes. Lis les
préceptes indiqués sur chacune d'entre elles. Un
besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne
cherche pas à t'en détourner, car tu serais condamné à
revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis
t'en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton
coeur et dans ta chair.
Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi."
Le Vieux Sage disparut et le Prince s'engagea sur le
chemin de la vie.
Il se trouva bientôt face à une grande porte sur
laquelle on pouvait lire: "CHANGE LE MONDE"
"C'était bien là mon intention, pensa le Prince, car
si certaines choses me plaisent dans ce monde,
d'autres ne me conviennent pas."
Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue
et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde,
à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité
selon son désir. Il y trouva le plaisir et l'ivresse
du conquérant, mais pas l'apaisement du coeur. Il
réussit à changer certaines choses mais beaucoup
d'autres lui résistèrent.
Bien des années passèrent. Un jour il rencontra le
Vieux Sage qui lui demande:"Qu'à tu appris sur le
chemin?"
"J'ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui
est en mon pouvoir et ce qui m'échappe, ce qui dépend
de moi et ce qui n'en dépend pas".
"C'est bien, dit le vieil homme. Utilise tes forces
pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui
échappe à ton emprise." Et il disparut.
Peu après, le Prince se trouva face à une seconde
porte. On pouvait y lire : "CHANGE LES AUTRES"
"C'était bien là mon intention, pensa-t-il. Les
autres sont source de plaisir, de joie et de
satisfaction mais aussi de douleur, d'amertume et de
frustration."
Et il s'insurgea contre tout ce qui pouvait le
déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il
chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs
défauts. Ce fut là son deuxième combat.
Bien des années passèrent. Un jour, alors qu'il
méditait sur l'utilité de ses tentatives de changer
les autres, il croisa le vieux sage qui lui demanda:
"Qu'as-tu appris sur le chemin?"
"J'ai appris, répondit le Prince, que les autres ne
sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes
peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils
n'en sont que le révélateur ou l'occasion. C'est en
moi que prennent racine toutes ces choses."
"Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu'ils réveillent
en toi, les autres te révèlent à toi-même. Sois
reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie
et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font
naître en toi souffrance ou frustration, car à travers
eux la vie t'enseigne ce qui te reste à apprendre et
le chemin que tu dois encore parcourir." Et le vieil
homme disparut.
Peu après, le Prince arriva devant une porte où
figuraient ces mots : "CHANGE-TOI TOI-MEME".
"Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c'est
bien ce qui me reste à faire," se dit-il.
Et il entama son troisième combat. Il chercha à
infléchir son caractère, à combattre ses
imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout
ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne
correspondait pas à son idéal.
Après bien des années de ce combat où il connut
quelque succès mais aussi des échecs et des
résistances,
le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :
Qu'as-tu appris sur le chemin?"
"J'ai appris, répondit le Prince, qu'il y a en nous
des choses qu'on peut améliorer, d'autres qui nous
résistent et qu'on n'arrive pas à briser."
"C'est bien," dit le Sage.
"Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être
las de me battre contre tout, contre tous, contre
moi-même. Cela ne finira-t-il jamais? Quand
trouverai-je le repos? J'ai envie de cesser le combat,
de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise."
"C'est justement ton prochain apprentissage, dit le
vieux Sage.
Mais avant d'aller plus loin, retourne-toi et
contemple le chemin parcouru." Et il disparut.
Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain
la troisième porte et s'aperçut qu'elle portait sur sa
face arrière une inscription qui disait :
"ACCEPTE-TOI TOI-MÊME."
Le Prince s'étonna de ne point avoir vu cette
inscription lorsqu'il avait franchi la porte la
première fois, dans l'autre sens.
"Quand on combat on devient aveugle, se dit-il."
Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de
lui, tout ce qu'il avait rejeté et combattu en lui:
ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous
ses vieux démons.
Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à
les aimer. Il apprit à s'aimer lui-même sans plus se
comparer, se juger, se blâmer. Il rencontra le Vieux
Sage qui lui demanda :
"Qu'as-tu appris sur le chemin ?"
"J'ai appris, répondit le Prince, que détester ou
refuser une partie de moi, c'est me condamner à ne
jamais être en accord avec moi-même. J'ai appris à
m'accepter moi-même, totalement,
inconditionnellement."
"C'est bien, dit le Vieil Homme, c'est la première
Sagesse. Maintenant tu peux repasser la troisième
porte."
À peine arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut au
loin la face arrière de la seconde porte et y lut :
"ACCEPTE LES AUTRES".
Tout autour de lui il reconnut les personnes qu'il
avait côtoyées dans sa vie; celles qu'il avait aimées
comme celles qu'il avait détestées. Celles qu'il avait
soutenues et celles qu'il avait combattues.
Mais à sa grande surprise, il était maintenant
incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts,
ce qui autrefois l'avait tellement gêné et contre quoi
il s'était battu. Il rencontra à nouveau le Vieux
Sage.
"Qu'as-tu appris sur le chemin?" demanda ce dernier.
J'ai appris, répondit le Prince, qu'en étant en accord
avec moi-même, je n'avais plus rien à reprocher aux
autres, plus rien à craindre d'eux. J'ai appris à
accepter et à aimer les autres totalement,
inconditionnellement."
"C'est bien," dit le vieux Sage. C'est la seconde
Sagesse.
Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte.
Arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut la face
arrière de la première porte et y lut :
"ACCEPTE LE MONDE".
Curieux, se dit-il, que je n'aie pas vu cette
inscription la première fois. Il regarda autour de lui
et reconnut ce monde qu'il avait cherché à conquérir,
à transformer, à changer.
Il fut frappé par l'éclat et la beauté de toutes
choses, par leur perfection. C'était pourtant le même
monde qu'autrefois. Était-ce le monde qui avait changé
ou son regard? Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda
"Qu'as-tu appris sur le chemin ?"
" J'ai appris, dit le Prince, que le monde est le
miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde,
elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le
monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le
monde lui semble triste. Le monde, lui, n'est ni
triste ni gai. Il est là, il existe, c'est tout.
Ce n'était pas le monde qui me troublait, mais l'idée
que je m'en faisais.
J'ai appris à accepter sans le juger, totalement,
inconditionnellement."
"C'est la troisième Sagesse, dit le Vieil Homme.
Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les
autres et avec le Monde."
Un profond sentiment de paix, de sérénité, de
plénitude envahit le Prince. Le silence l'habita.
"Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil,
dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la
plénitude à la plénitude du silence".